Personne physique ou société : qui détient le plus de bitcoins en France ?

En 2024, la France ne figure pas parmi les dix plus gros détenteurs officiels de bitcoins dans le monde. Pourtant, la dynamique tricolore intrigue : réglementation fiscale stricte pour les particuliers, régimes comptables distincts pour les sociétés, et un chiffre qui interpelle, 9 % des adultes français possèdent désormais des crypto-actifs, selon l’Autorité des marchés financiers. Mais derrière ce taux, que cache la répartition réelle entre personnes physiques et sociétés ? Les plateformes françaises affichent une domination franche des investisseurs individuels, tandis que la part exacte détenue par les entreprises demeure dans l’ombre, sans obligation de publication. L’écart, bien plus marqué qu’on ne l’imagine, dessine un paysage singulier du bitcoin à la française.

Qui détient réellement des bitcoins en France ? Panorama des profils types

La France compte aujourd’hui plusieurs centaines de milliers de détenteurs de bitcoins. Mais qui sont ces Français qui misent sur la crypto ? Loin des caricatures, les rapports de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de la Banque de France dressent un portrait précis.

La majorité des crypto-actifs en circulation se retrouvent dans les poches de particuliers. Les chiffres le confirment : il s’agit le plus souvent d’hommes, entre 25 et 45 ans, diplômés, installés dans les grandes villes. Pour eux, le bitcoin n’est plus une curiosité marginale : il devient un outil pour diversifier leur patrimoine, avec parfois plusieurs milliers d’euros investis. À mesure que le nombre de comptes ouverts chez les prestataires de services sur actifs numériques (PSAN) grimpe, l’intérêt ne faiblit pas.

Dans l’univers des sociétés, la discrétion reste la règle. Peu d’entreprises communiquent sur leurs positions en bitcoins. Les structures qui franchissent le pas se recrutent principalement du côté des entreprises technologiques ou des cabinets spécialisés en investissement numérique. Leur exposition, souvent plus volumineuse en montant, vise à renforcer la trésorerie d’entreprise ou à couvrir des actifs, mais ces montants pèsent peu face à l’accumulation massive des particuliers.

Pourquoi ce déséquilibre ? La fiscalité joue un rôle majeur. Pour un particulier, acheter et déclarer du BTC reste relativement simple. Les sociétés, elles, font face à des exigences comptables rigides et à une surveillance renforcée. Le cadre réglementaire français, porté par l’AMF et la Banque centrale européenne, accentue ce phénomène, consolidant la domination des personnes physiques sur le marché hexagonal.

Personne physique ou société : quelles différences dans l’approche de l’investissement ?

Dès l’entrée sur le marché, la rupture est nette. Une personne physique accède à l’univers des crypto-actifs en quelques clics sur des plateformes grand public. Ouverture de compte, achat de bitcoin ou d’autres actifs numériques, gestion autonome : la simplicité prime. Les particuliers cherchent la flexibilité. Ils agissent selon le cours, réagissent aux signaux, parfois sur un coup de tête. Leur gestion se fait en solo, opportuniste, loin des lourdeurs administratives.

Pour une société, la marche à franchir s’annonce bien plus haute. L’acquisition de crypto-monnaies, bitcoin en tête, ne se décide pas à la légère : validation par la direction, analyse juridique, parfois feu vert du conseil d’administration. La trésorerie de l’entreprise s’expose alors à la volatilité sous la surveillance du service financier. Les obligations de conformité dictées par l’AMF et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution s’imposent à chaque étape. Les transactions doivent être justifiées, documentées, contrôlées.

Voici, pour éclairer la différence, un aperçu synthétique des deux approches :

  • Particulier : gestion souple, arbitrages rapides, prise de risque individuelle.
  • Entreprise : processus encadré, conformité obligatoire, exposition collective, contrôle interne permanent.

La fiscalité accentue encore l’écart. Pour un particulier, toute plus-value sur bitcoin relève du régime propre aux actifs numériques. Les sociétés, elles, doivent inscrire chaque mouvement dans leur comptabilité, justifier le moindre transfert d’euros ou d’actifs sur la blockchain. Cette exigence administrative refroidit bien des ardeurs, en particulier en dehors des secteurs technologiques et financiers, même si l’adoption continue de progresser dans les grandes villes comme Paris.

Motivations, comportements et préférences des détenteurs français de cryptomonnaies

Les motivations qui animent les investisseurs français forment un éventail étonnamment large. Pour certains, le bitcoin incarne une forme d’indépendance vis-à-vis des banques traditionnelles. L’innovation technologique de la blockchain séduit, tout comme la méfiance envers l’euro ou le dollar. D’autres, plus pragmatiques, se laissent porter par la hausse du cours du bitcoin : l’appât du gain l’emporte sur la prudence, quitte à assumer une volatilité parfois spectaculaire.

Dans la pratique, les comportements divergent. Les particuliers plébiscitent les plateformes accessibles, investissent des montants généralement modérés, et progressent par étapes. Les plus avertis n’hésitent pas à diversifier leur portefeuille avec d’autres cryptomonnaies, guettant les opportunités, suivant les tendances impulsées par les figures de proue du secteur comme Elon Musk ou Michael Saylor. Les entreprises, elles, privilégient la prudence et l’innovation, cherchant à se positionner sur la réserve de valeur ou à tester de nouveaux usages.

Trois grandes logiques structurent les approches, que l’on peut résumer ainsi :

  • Investissement à long terme : protéger son patrimoine face à l’inflation ou miser sur une adoption généralisée.
  • Trading occasionnel : profiter de la volatilité, saisir les opportunités à court terme.
  • Intérêt technologique : explorer la blockchain, s’impliquer dans l’écosystème des monnaies numériques.

Le bitcoin reste la référence incontestée sur le marché français. Si les monnaies numériques alternatives séduisent un public plus technophile ou spéculatif, le btc domine largement les portefeuilles pour sa forte liquidité et sa renommée.

Jeune femme examine une pièce de bitcoin dans son appartement

Face aux risques : comment les Français perçoivent et gèrent l’incertitude autour du bitcoin

Depuis la naissance du bitcoin sous l’impulsion de Satoshi Nakamoto, l’incertitude accompagne son envol. Les variations abruptes du btc, les annonces des banques centrales, les décisions de la Securities and Exchange Commission ou de la Fed, les mouvements de Blackrock, les tweets de Donald Trump, les déclarations de Michael Saylor : chaque événement rebat les cartes. Pour les investisseurs français, cette incertitude conditionne les stratégies et impose d’innover dans la gestion du risque.

Les particuliers s’adaptent par une multitude de tactiques. Certains diversifient, d’autres fractionnent leurs achats ou choisissent de conserver leurs actifs sur des portefeuilles hors ligne. Les sociétés, de leur côté, s’appuient sur les recommandations de l’autorité des marchés financiers (AMF) ou des prestataires de services sur actifs numériques (PSAN) agréés pour structurer leurs acquisitions. L’arrivée des ETF bitcoin aux États-Unis ouvre des perspectives nouvelles, même si la France attend encore une harmonisation claire orchestrée par la BCE et l’AMF.

Les entreprises françaises qui s’exposent au bitcoin déploient généralement plusieurs mécanismes de vigilance, parmi lesquels :

  • Surveillance des signaux macroéconomiques émis par la banque centrale européenne.
  • Observation attentive de l’évolution du statut du bitcoin comme monnaie légale.
  • Mise en œuvre de procédures de contrôle interne et d’audits autour des crypto-actifs.

La méfiance vis-à-vis du système traditionnel et l’envie de rendement alimentent la prise de risque, mais l’ombre d’un durcissement réglementaire ou d’un retournement brutal du marché hante chaque décision. Le bitcoin, en France, reste un pari : audacieux, surveillé, mais toujours aussi fascinant.

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